Hydroélectricité en Entremont : une transformation encore à finaliser pour augmenter les capacités de production

Depuis quelques années, la région de l’Entremont et ses sociétés de production électrique se sont engagées dans une transformation majeure de leurs infrastructures. Le but : optimiser la production électrique ainsi que les capacités de stockage. Des infrastructures, centenaires pour certaines, ont été modernisées, alors que le barrage des Toules devrait être prochainement surélevé. Une vision globale des installations de toute la région est nécessaire à terme.
Depuis plus d’un siècle, les vallées de l’Entremont ont été le théâtre du développement hydroélectrique valaisan. Différents aménagements ont été construits depuis 1908, créant un paysage énergétique complexe avec de multiples acteurs. En amont de la vallée, le barrage des Toules représente l’un des ouvrages emblématiques de cette histoire hydroélectrique riche.
« Dans notre région, nous faisons face à une grande multitude d’acteurs et aucun n’est présent à tous les étages de la production », explique James Derivaz, directeur de DransEnergie. Les Forces motrices de Martigny-Bourg, les Forces motrices de Sembrancher, les Forces motrices d’Orsières et les Forces motrices du Grand-Saint-Bernard se partagent la gestion des différents ouvrages, avec l’aide de différents partenaires économiques et les collectivités publiques. « Au total, les installations de la région produisent 335 millions de kWh par année, contre une consommation de 150. Nous sommes donc sur le papier autonome, même si nous ne produisons pas forcément au moment de la consommation ».
Des infrastructures à moderniser
Le morcellement historique des installations présente aujourd’hui des défis d’efficience. « Chaque acteur a dimensionné ses aménagements en fonction de ses besoins, à l’image de Ciba-Geigy qui avait comme objectif d’alimenter son site de Monthey en électricité », rappelle James Derivaz. Cette approche segmentée a créé certains goulots d’étranglement dans le système.
La conséquence est significative, avec des pertes d’eau non turbinées d’environ 30 millions de mètres cubes par année, et donc un potentiel d’environ 40 millions de kWh ». Face à ce constat, l’optimisation globale du système est devenue une priorité.
RenoFMO et RenoFMS : des projets d'envergure
Pour remédier à cette situation, deux projets majeurs ont été lancés et sont en cours de finalisation. Le projet RenoFMO a permis l’installation d’une nouvelle conduite forcée aérienne et le remplacement de deux groupes de production par un nouveau de 15 MW. Avec un investissement de 27 millions de francs, cette modernisation permettra une augmentation de la production de 12 millions de kWh, soit l’équivalent de la consommation de 2800 ménages.
Parallèlement, le projet RenoFMS a débuté en 2024 et s’achèvera d’ici la fin de l’année. Il comprend l’installation d’une nouvelle conduite forcée enterrée et le remplacement d’un groupe de production de 8 MW. Ce projet représente environ 14 millions d’investissement, pour un gain de production estimé à 7,5 millions de kWh par an.
Un avenir prometteur avec l'extension des Toules
Les ambitions de la région ne s’arrêtent pas là. Les enjeux futurs de la chute de l’Entremont sont étroitement liés au projet d’un nouveau mur du barrage des Toules, qui permettrait de doubler la capacité du barrage et ainsi avoir un stockage bien plus important, notamment en hiver. Cette augmentation de la capacité de stockage aura des répercussions sur l’ensemble des aménagements en aval, déjà anticipées dans les projets RenoFMO et RenoFMS.
Pour James Derivaz, l’optimisation du potentiel hydroélectrique de l’Entremont nécessite une approche collaborative et intégrée, soulignant l’importance d’une vision globale pour maximiser l’efficacité énergétique de l’ensemble du système.
Cette transformation des infrastructures hydroélectriques de l’Entremont s’inscrit parfaitement dans la stratégie énergétique suisse, visant à augmenter la production d’électricité renouvelable tout en améliorant les capacités de stockage saisonnier – un enjeu crucial pour la transition énergétique nationale.
Informations complémentaires
Crédit Photo: DransEnergie, barrage des Toules en hiver
Propos recueillis le 9 avril 2025 lors du 4e Symposium des entreprises durables