De l’eau potable dans les cabanes de berger: des résultats encourageants !

Les lieux de vie et de travail situés dans des régions montagneuses isolées doivent aussi pouvoir disposer d’une eau de qualité. C’est notamment le cas des cabanes de berger, qui permettent aux gardiens des troupeaux de séjourner au plus près des moutons et autres animaux. Si ces cabanes demeurent sommaires, elles restent tout de même généralement équipées d’un lit, d’une cuisinière, d’un frigo et d’un WC chimique. Le tout fonctionne grâce à des panneaux solaires. Mais pas d’eau potable… Pour répondre à cette problématique, RWB Valais a proposé, dans le cadre du BlueArk Challenge, de miniaturiser le système de filtration lente sur média filtrant (KLS) afin de l’intégrer aux cabanes de bergers. Les premiers résultats sont très intéressants et un déploiement à plus large échelle est désormais prévu.

 

Ce filtre a déjà fait ses preuves pour purifier l’eau dans les pays où l’accès à l’eau potable reste rare. Son principal atout est qu’il ne nécessite aucun apport extérieur en énergie, grâce à son principe de filtre lent, à base de gravier, de sable et de bauxite. Il s’agit d’un « système multi-barrières » robuste, simple et demandant peu d’entretien, avec une phase préliminaire de filtration sur gravier, la possibilité de retrolavage, et deux autres filtrations sur sable lentes. L’action principale des deux filtres à sable lents est effectuée dans la couche contaminée présente sur la surface sableuse, où les substances biologiques se décomposent par biodégradation et où la turbidité et les micro-organismes sont retenus. La présence de l’eau sur une longue période dans les deux filtres permet une excellente filtration biologique et garantit une eau d’une qualité extrêmement stable, sans re-prolifération des germes.

Des résultats concrets

Pour ce premier mini-KLS, les tests ont été effectués à l’École d’agriculture de Châteauneuf, à Conthey, puis en conditions réelles sur l’alpage de Giétro (2200 mètres d’altitude), à proximité du lac de Mauvoisin, entre septembre et octobre 2023. Afin de produire suffisamment d’eau et d’avoir une marge de sécurité, ce premier pilote a été dimensionné avec une capacité de production et de stockage de 100 litres d’eau potable par jour (0,07 l par minute en continu).

Un tuyau d’environ 250 m a été déroulé entre la cabane et un torrent voisin. La prise d’eau se fait dans un petit torrent alimenté par la fonte des neiges et fortement influencé par les phénomènes pluviométriques. Afin de réduire le volume de matériaux sédimentables transportés par l’eau vers la cabane, un tonneau de 60 litres a été installé, qui fait office de dessableur. Cette simple mesure réduit le transport de gravier ou d’autres particules grossières susceptibles d’obstruer les tuyaux et les vannes du système.

Après trois échantillons d’eau prélevés en amont et en aval du filtre, durant trois jours en septembre et octobre dernier, les résultats des analyses ont montré que ce dernier réduit significativement la turbidité et les germes. Un laboratoire indépendant a analysé pas moins de 20 paramètres, dont la dureté de l’eau, la bactériologie, la présence de germes, le PH ou les sels minéraux.

Les bactéries Escherichia coli ont totalement disparu après être passées dans le filtre, passant de maximum 27 par 100 ml à zéro par 100 ml. Il en va de même pour les entérocoques, passant de 13 à zéro. Les germes totaux mésophiles sont passés de 560 à 12. Pour ce point de mesure, au cours de la première période de mise en service, il est typique que la concentration de ces germes soit relativement élevée en aval du filtre, mais avec la maturation du système et l’adhésion de la biomasse au substrat filtrant, cette concentration diminuera. Des analyses complémentaires seront effectuées lors de la prochaine saison d’alpage pour confirmer cette tendance.

La turbidité de l’eau a quant à elle été réduite de 30,73 NTU à 0,14. Le pH pour une eau à 20 degrés est resté stable (8,1 en entrée de filtre et 8 en sortie) et les principaux sels minéraux (Chlorure, nitrate, potassium, magnésium, sodium…) sont aussi restés stables. L’eau filtrée répond ainsi aux critères de qualité des normes sur l’eau potable. Le filtre remplit donc parfaitement son rôle, selon les premiers retours. Le tout de manière économique, nécessitant très peu d’entretien, et aucune énergie supplémentaire !

 

Et ensuite?

RWB Valais envisage de développer et commercialiser prochainement une deuxième série de filtres. De plus, afin d’améliorer et d’adapter le filtre à différents scénarios, l’équipe travaille actuellement sur une nouvelle variante du filtre, après avoir recueilli différents avis, dont celui du berger qui a utilisé l’installation au quotidien.

Cette évolution permettra de perfectionner la technologie. Parmi les améliorations étudiées, le développement d’un système de pompage permettrait d’amener l’eau à l’intérieur des alpages et d’intégrer une chaudière pour la production d’eau chaude. Le système de pompage serait alimenté par un panneau photovoltaïque relié à une batterie, tandis que la production d’eau chaude pourrait se faire grâce à un panneau solaire thermique. La seconde opportunité étudiée est la réalisation d’une variante du filtre montée sur une remorque dédiée. Grâce à cette remorque, les gardiens pourront déplacer le système de filtration d’un alpage à l’autre en fonction de leurs besoins.
 
Aujourd’hui, le potentiel de ces filtres est utilisé par les exploitants d’alpages. À moyen terme, il pourra également être utilisé pour offrir une source d’eau potable fiable et de qualité aux refuges et bivouacs de montagne (CAS), grâce à son utilisation autonome. D’autres clients potentiels pourraient être les propriétaires de chalet dans des zones isolées où le raccordement à un réseau d’eau potable n’est pas envisageable. Pour une commune, il serait ainsi rentable, et bien plus écologique, d’installer un filtre KLS plutôt que de poser des kilomètres de conduites.

On le voit : la qualité de l’eau est un enjeu qui touche l’ensemble du territoire, des réseaux d’eau urbains aux endroits beaucoup plus isolés. Toutes les initiatives pour améliorer la gestion de l’eau, sa qualité et sa disponibilité sont des pas dans la bonne direction.

 

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