Record de participants à la BlueArk Conférence : un signe de l’importance accordée à la gestion de l’eau
La cinquième édition de la BlueArk Conférence a réuni plus de 320 spécialistes de l’eau au Châble jeudi dernier. Il s’agit d’un nouveau record de participants, preuve que la thématique de la gestion de l’eau devient de plus en plus vitale pour notre pays. L’ancien CEO de Nestlé Peter Brabeck a notamment exprimé sa vision sur l’utilisation de l’eau et a donné des pistes pour résoudre, de manière locale, ces problématiques. Six sessions parallèles, une table ronde sur les données dans l’eau ainsi qu’un keynote du photographe Michel Roggo ont permis d’évoquer des solutions concrètes pour améliorer la gestion, l’accès et la durabilité et la qualité de l’eau.
« Après l’été pluvieux que nous avons vécu cette année, comment faire pour que les cerveaux comprennent le contraire de ce que les yeux voient ? », s’est interrogé Joël di Natale, directeur de BlueArk, en introduction de cette conférence, organisée par BlueArk, Altis et la Fondation The Ark. Selon lui, le discours sur la raréfaction de l’eau est encore inaudible. « On avait des certitudes notamment celle de ne jamais manquer d’eau sous nos latitudes. Ces certitudes tombent ». Il est donc urgent de réagir pour maximiser l’usage, le captage et la gestion de chaque goutte d’eau.
Jusqu’à 20'600 litres d’eau par jour et par personne
« Nos besoins minimums sont de 50 litres par personne pour boire et se laver. Mais nous dépensons 500 à 600 litres dans les sociétés occidentales », a rappelé pour sa part Peter Brabeck. Ceci sans compter les besoins d’eau pour produire de la nourriture, qui peuvent atteindre 20’000 litres d’eau par jour ». Outre la hausse constante des quantités consommées, l’autre souci est le recours aux réserves de notre planète. « La quantité d’eau est fixe sur Terre. Un tiers est utile à l’activité humaine, un tiers pour l’environnement et un tiers pour assurer le cycle de l’eau. Or, dès 2020, on a commencé à puiser au-delà des 33% prévus pour l’activité humaine, et c’est problématique ».
Comment se sortir de ce cycle non vertueux ? Par la sensibilisation à l’importance de l’eau et grâce à une gestion plus durable, notamment dans l’agriculture (qui représente 70% des usages). Il s’agit également d’investir dans l’infrastructure et les technologies pour limiter les pertes d’eau. Peter Brabeck demande aussi de ne pas sacrifier l’eau pour favoriser la lutte contre le réchauffement climatique. Il appelle ainsi à renoncer à la production de biocarburants, très gourmands en eau. « Les problèmes de l’eau sont globaux, mais les solutions à mettre en place sont locales », a-t-il conclu.
PFAS, accès à l’eau, digital et durabilité
La conférence a fait ensuite place à six sessions thématiques parallèles, qui ont permis de soulever un large éventail de questions et de thématiques, notamment la gouvernance et la qualité de l’eau (avec par exemple un focus sur les traitements de polluants comme les PFAS), l’accès à l’eau, la durabilité des ouvrages hydroélectriques, le digital pour améliorer l’efficacité des installations hydrauliques, la ville-éponge ou encore les nouvelles technologies.
Plusieurs partenaires, dont l’Université de Lausanne, l’Université de Berne, ASTERS, Membratec, l’ARPEA, le VSA, l’HydroAlpsLab et le laboratoire STREAM de la HES-SO Valais/Wallis, ont mis sur pied ces sessions.
Une table ronde sur les données
Une table ronde, modérée par le journaliste Julien von Roten, a permis d’en savoir davantage sur la gestion des données par différents acteurs de l’eau. Christine Genolet-Leubin, cheffe du service de l’environnement de l’Etat du Valais, a rappelé que les données en lien avec la qualité de l’eau étaient du ressort du canton, et celles du quantitatif des communes. « On dispose de données, mais il en manque pour ce qui touche aux prélèvements pour l’agriculture ou encore l’enneigement artificiel. Le canton en a besoin pour planifier et donner les autorisations ». Dimitri Meunier, directeur données à l’Office international de l’eau, a informé pour sa part que la France avait mis en place eaufrance.fr, un portail qui recense plus de 20 ans de données quantitatives et qualitatives sur l’eau. « Cela permet de faire des projections et d’aider les politiques publiques. Grâce à des données standardisées et comparables entre elles, les projections sont plus fiables ».
Marianne Giroud-Gaillard, de MeteoSuisse, a expliqué que son entreprise collectait beaucoup de données, grâce à près de 600 stations de mesure. « Toutes les données collectées sont utilisables gratuitement par la population ». MeteoSuisse a dû développer des interfaces pour les sécuriser et les mettre à disposition. De son côté, Michaël Plaschy, d’Alpiq, a précisé qu’en tant que producteur hydraulique, les volumes d’eau étaient essentiels pour prédire et valoriser les productions. Combien va-t-il pleuvoir et quand ? Quand les fontes de neige arrivent-elles ? Quelle pertinence pour de nouveaux barrages ? « Nous prenons les données chez MeteoSuisse, mais également auprès des hautes écoles, notamment pour les prévisions à long terme. Nous devons anticiper, et la précision des données est centrale aussi pour les gestions de crise ».
Présentation inspirante de Michel Roggo pour terminer
Michel Roggo, photographe fribourgeois à la carrière internationale, s’est spécialisé dans les clichés en eau douce il y a quelques années. Il a conclu la journée par une présentation inspirante, à la découverte des trésors aquatiques et des animaux.
Un village de l’innovation, avec 15 stands, a permis aux participants de découvrir des entreprises actives dans l’eau en Suisse, ainsi que leurs solutions innovantes. La prochaine édition de la BlueArk Conférence aura lieu le 20 novembre 2025, à nouveau à l’Espace Saint-Marc du Châble.